Le CIRDH-FV est le seul centre de formation habilité exclusivement par Frans Veldman à la transmission de l’haptonomie.

Hommages

LE CIRDH-FV EST EN DEUIL

Ils nous ont quittés – 04/2023

Marie-Claire Busnel est décédée dans la semaine du 10/04/23 et Wilhem Ibes, la semaine suivante.

Marie-Claire fut la première parisienne à avoir entendu parler d’haptonomie ; Wilhem fut un ami de Frans. De son concert qui avait clôturé le premier congrès à l’Unesco, il reste un CD qui accompagnait le numéro 1 de Présence Haptonomique…

LE CIRDH-FV EST EN DEUIL

Marie-Claire Busnel nous a quittés en avril, elle est morte chez elle, comme elle le souhaitait, paisiblement, à 98 ans. Son décès marque la fin d’une période essentielle dans l’histoire de l’haptonomie. Sans elle, il n’y aurait pas d’haptonomie en France et probablement plus d’haptonomie telle que Frans Veldman nous l’a transmise puis confiée.

En effet, c’est Marie-Claire qui, ayant rencontré Frans Veldman dans un colloque en Allemagne, a signalé son existence aux membres du GRENN en 1975 ou 76. Grande connaisseuse de la vie fœtale et des bébés, mais aussi philosophe éclairée, elle avait immédiatement compris l’importance de l’haptonomie.

LE GRENN TERREAU FERTILE

Le GRENN (Groupe de Recherche et d’Étude sur la Naissance et le Nouveau-né) fondé en 1974 par Danièle Rapoport et Bernard This, réunissait des praticiens venus de différentes disciplines, tous concernés par la vie prénatale et l’accueil du nouveau-né. J’ai eu la grande chance d’en faire partie dès le début. Sa revue « LES CAHIERS DU NOUVEAU-NÉ » fit date, chaque numéro était très en avance sur son temps. Marie-Claire eu l’idée d’un cahier sur les perceptions fœtales et néonatales. Avec le Dr Étienne Herbinet, obstétricien, ils en ont dirigé l’élaboration collective. Grâce à Marie-Claire, d’éminents scientifiques français et étrangers y ont participé. Ce livre, « L’AUBE DES SENS » fut un tournant, il était précurseur. Il a connu un énorme succès auprès des médecins et du grand public, il est devenu une référence dans beaucoup de facultés. Le cinéaste Bernard Martino en a tiré une émission télévisée, «LE BÉBÉ EST UNE PERSONNE», qui a révélé Frans Veldman au public français. Nous connaissons tous l’importance de cette émission dans notre histoire. « L’AUBE DES SENS » est épuisé, mais il peut être téléchargé gratuitement sur le site internet des « Cahiers du nouveau-né ». On y trouve aussi un autre livre dont Marie-Claire a dirigé la publication : « LE LANGAGE DES BÉBÉS».

MARIE-CLAIRE BUSNEL ET L’HAPTONOMIE

Marie-Claire fut pour les haptothérapeutes, et plus particulièrement pour moi, une compagne de route attentive, soutenante et critique. Elle assistait à de nombreux colloques ; en faire le bilan avec elle était toujours passionnant. « Tu aurais pu faire mieux », « Tu es en progrès » je guettais son avis avec impatience. Elle me poussait beaucoup à écrire un livre et voulait en relire chaque chapitre au fur et à mesure. Récemment, nous avons passé des heures délicieuses à travailler ensemble sur sa lecture critique, toujours pertinente et bienveillante, de mes 50 premières pages.

Dans les années 90, elle m’a entraînée dans une expérience passionnante à l’hôpital Robert Debré. Je venais la chercher le matin de bonne heure et nous passions de longues heures à la maternité où elle menait des recherches. Elle étudiait les effets de la parole de la mère sur son nouveau-né, mais avec encore plus d’audace, les effets sur le bébé de la pensée de la mère tournée vers lui. Toujours animée par l’esprit de recherche, elle m’a fait une place pour proposer un contact haptonomique aux femmes pendant leur monitoring de fin de grossesse. Il s’agissait souvent de grossesses pathologiques et de femmes ne parlant aucune langue commune avec nous. Malgré ce contexte difficile, les enfants répondaient clairement et ce fut une aventure magnifique, une expérience humaine inoubliable. Malheureusement le logiciel de base était mal programmé, l’étudiant psychologue qui enregistrait les résultats a disparu et les résultats sont demeurés inexploitables à ce jour. Ses propres résultats sont résumés et consultables sur le site https://hal.science/hal-0254615. J’ai beaucoup appris de cette expérience, sur sa manière rigoureuse d’organiser le travail et sur la capacité de nouer une relation affective avec les mères et les enfants dans des conditions si complexes. L’Affectif dépasse les barrières de la langue et permet d’oublier le monitoring et ses enjeux. J’en éprouve une immense gratitude.

MARIE-CLAIRE BUSNEL, L’INCLASSABLE, TOUJOURS EN AVANCE SUR SON TEMPS

Marie-Claire a réussi cet exploit d’être à la fois inclassable et scientifiquement reconnue. Trop vaste, trop polyvalente, trop libre pour être enfermée dans une seule case. Marie-Claire est reconnue partout comme une des grandes spécialistes de la sensorialité du bébé et du fœtus. Elle a mené des études poussées sur leur audition à l’hôpital Cochin avec Jean-Pierre Lecanuet et Carolyn Granier-Deferre, (cf. L’audition prénatale, quoi de neuf ? Carolyn Granier-Deferre, MC Busnel, dans Spirales 2011/3-n°59- pages 17 à 32.  Que l’on trouve sur CAIRN). Cependant, définir clairement sa position et sa formation est une tâche difficile. Elle a fait ses études aux États-Unis avec une double formation : biologie et étude comparée des religions. Sa thèse, en éthologie, a été effectuée à l’INRA.

Avec son mari, René-Guy, elle a été une pionnière dans les années 50-60 de l’étude des communications acoustiques chez de nombreuses espèces animales, elle a côtoyé deux prix Nobel : Konrad Lorenz et Niko Tinbergen. Elle s’est ensuite intéressée aux conséquences de différents types de milieux sonores chez des femelles gestantes et au développement de leurs petits en examinant en particulier l’effet de bruits stressants.

Ceci l’a amenée à s’interroger avec le professeur Relier aux bruits mécaniques au sein des couveuses, et à conduire des recherches pour apporter à l’enfant prématuré des sons présents in utero (par ex., bruits cardiaques, voix féminine chantante). Comme Frans Veldman, elle a fait partie de ceux qui ont osé mettre en avant très tôt la dimension mammifère des êtres humains, : cette vision permet de redonner tout sa place au dialogue incessant entre la corporalité et l’esprit en cessant de les voir séparés. C’est sans doute pour cela que la découverte de l’Affectif comme organisateur secret de cette interaction constante lui a tout de suite paru une ouverture essentielle. La moins mauvaise définition serait de dire qu’elle était psychophysiologiste, mais c’est sans doute réducteur.

Sa curiosité insatiable, son désir de comprendre, de dénicher le vrai sous les apparences, liés à sa passion pour l’énigme que représentent les êtres humains, ces animaux doués de spiritualité, l’ont amenée à s’intéresser aux bébés. Curieuse de tout, esprit libre, penseuse ouverte à toutes les réflexions, chercheuse scientifique, elle était toujours prête à reconnaître qu’elle avait fait fausse route. Elle était passionnée d’anthropologie et de spiritualités. Marie-Claire Busnel était un phare bienveillant, généreux, qui cherchait à éclairer les processus de l’humanisation, pleine de projets jusqu’à son dernier souffle, elle nous a transmis sa force, son énergie, sa sérénité, nous lui devons beaucoup.

À titre personnel je perds une amie très chère, très tendre, qui m’a ouvert les yeux sur bien des choses. Pour la jeune femme que j’étais au moment de notre rencontre, sa manière de vivre, d’aimer, d’appréhender le monde, fut un modèle. Qui me conseillera désormais de lire tel ou tel livre, d’aller fouiller dans telle direction ? Rire avec elle me manquera. Sa tendresse me manquera. Pourtant sa trace est si lumineuse que je n’arrive pas à sentir son absence, elle est là, vivante dans mon cœur, son affection si intelligente brille doucement en moi comme une flamme dont je sais qu’elle ne s’éteindra jamais. Avoir eu la chance de la côtoyer si longtemps est un magnifique cadeau de la vie.

Catherine Dolto mai 2023

André SOLER rend hommage aux compagnons de route disparus.

La réduction à deux strophes qui cherchent à apostropher la vérité de l’être ne peut constituer un portrait, tout juste une évocation…

Du verbe « accompagner », il magnifiait l’essence,
Et traquait avec soin le moindre phénomène,
Se laissant enseigner, en totale présence
Par un maître bébé, sans jamais perdre haleine.

Dans sa langue natale, son prénom signifie
« Le bien guidé » : Mehdi a consacré sa vie
À guider à son tour, relevant les défis
D’une naissance heureuse, pour que l’enfant sourie.

Mehdi DJALALI

 

Elle savait s’habiter, tout entière présence
Généreuse et sereine, le sourire au visage,
Et vous réconfortait, chaleur en abondance,
Qui vous confirmait l’être, et vous rendait plus sage.

Empreinte de douceur, la détermination
Solide et bienveillante, grande d’âme, sans façon :
Voici l’amie Françoise, pour qui la vocation
Etait de prendre soin, en toute discrétion.

Françoise HANUS

 

Un vrai souci de l’autre : tel était son destin !
Elle aimait le transmettre, son talent de passeuse,
Dans son enseignement, autant qu’à ses prochains,
Toujours avec plaisir, toujours aussi fameuse.

Francine sur le monde posait du lumineux
Qui délicatement, protégeait. Cette dame
Révélait à lui-même l’être vivant précieux,
Dans un contact si doux qu’il vous caressait l’âme.

Francine REVARDEL

 

De l’humain, il savait les plus sombres recoins.
C’est avec bienveillance qu’il trouvait le meilleur,
Comme les étincelles dont il prenait grand soin.
Tirant dans la lumière le Bon vers le bonheur.

Elégance de l’être, la moustache prête à rire,
Diplomate averti, sans nulle sécheresse,
Paré de moult vertus, il connaissait l’empire
De la thymosophie, où règne la sagesse.

Jean-Claude SECHERESSE

 

Oui, firmus amicus était-il désigné,
Parce qu’il s’engageait avec toute sa foi.
Par l’humain passionné, sa curiosité
À jamais en éveil, chez lui, faisait la loi.

C’est d’un souffle puissant qu’il était animé,
Inspiré par les dieux qui donnent l’enthousiasme.
Ainsi était Bernard, bouillant et cultivé,
Un brillant praticien qui transmettait sa flamme.

Bernard THIS

 

Elle n’occupait jamais le devant de la scène,
Mais avec discrétion, elle embrassait la vie.
Le matériel pourvu, de bienveillance pleine,
Elle trouvait le mot juste, le sourire et l’esprit

Qui calmaient l’affecté, ou venaient affermir
L’étudiant timide. Chantait en elle, dès lors,
L’hymne à la perfection. Rien ne devait ternir
Le moindre acte entrepris. C’est ainsi qu’était Lore !

Lore VELDMAN

 

Jusqu’au sein des épines, il décelait des fleurs.
Confronté à l’obscur, il trouvait la lueur
Qu’il cultivait pour nous. Il était partageur !
Amoureux de la vie, il cherchait le bon heur.

Son nom ici résonne, inspire, donne des ailes.
A lui l’humanité devra reconnaissance
De lui avoir fourni une science nouvelle,
Mieux : eudémonique ; merci à toi, cher Frans !

Si tu étais ici, tu verrais avec nous
Que tes intuitions, découvertes, tes travaux
Ont porté de beaux fruits. Il nous serait bien doux
De poursuivre avec toi le chemin de l’hapto.

Frans VELDMAN

C’est grâce à ces personnes que l’espoir est permis
D’une humanité belle, où, plutôt qu’à l’encontre,
Règneraient la rencontre et la thymesthésie :
Une route de paix… que l’haptonomie montre.

Témoignage d’André SOLER

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